C’est un article de Marc publié le 14 janvier 2013.
Certains de nos lecteurs sont partis depuis et d’autres sont arrivés.Désolés pour ceux qui l’ont déjà lu mais l’été étant la saison des rediffusions j’espère qu’ils nous pardonneront… 😉
.
.
Je m’appelle Alice Adeline Cook et je suis née à Jay Creek .. Territoires du nord.. En 1898.. Je crois.. En avril … Enfin c’est ce que m’a dit Grand’Ma…
Mon père est mort quand j’avais 8 ans, écrasé par une poutre quand la galerie où il creusait s’est effondrée.. Saloperie d’opale.. Pas mal de mecs y ont laissé leur peau. Je me souviens quand ses camarades l’ont ramené allongé sur une porte.. Maman a poussé un grand cri.. Il était là tout pâle.. un peu de sang au coin de la bouche.. Grand ‘Ma m’a prise dans ses bras..
j’aimais bien être dans les bras de grand’Ma.. C’était tout doux, tout chaud et parfumé au savon de chez Turner l’épicier d’Alice Spring.
C’est après que les choses ont changé.. Grand ‘Ma nous a quitté.. Et beaucoup d’hommes venaient voir maman quand les après-midi étaient étouffantes et que cette foutue poussière rouge soulevée en tourbillons nous desséchait le gosier.
Elle me disait de jouer dans la cour avec le chien et qu’elle allait se reposer un peu pendant que le monsieur lui lirait le journal.. Je pensais alors que les nouvelles devaient être extraordinaires car elle poussait des petits cris.. C’est un peu plus tard que j’ai compris.
Je suis dans cette geôle pourrie depuis trois jours, parait que je dois voir le juge pour homicide qu’ils ont dit, je ne sais pas ce que c’est, mais ça a l’air grave, je les entend chuchoter dans le couloir, et passer me reluquer vu que ma robe a quand même été bien déchirée quand ils m’ont arrêtée.
Ça doit être à cause de ce connard de caissier qui s’est mis à gueuler et faire un foin de tous les diables quand Rob lui a demandé la caisse. J’ai fait comme Rob m’avait dit, je fais toujours comme Rob y dit, j’ai tiré pour faire du bruit avec le vieux Colt Frontier qu’il m’avait mis entre les mains au cas où .. Pour impressionner. Ça a été efficace car le caissier a fermé sa grande gueule et il est devenu tout mou avant de s’asseoir part terre en se pissant dessus.
Cette nuit, j’ai fait un drôle de rêve, j’étais dans une maison pas en bois avec des meubles comme j’ai jamais vu et y’avait un gars qui regardait ma photo dans une boîte avec des fils, c’était lumineux, et y changeait de photos juste en regardant.
P’têt que c’est une image du paradis, mais ça m’étonnerait qu’j’y aille vu qu’y parait que le bon dieu il aime pas quand on a plusieurs hommes en même temps.. Vu que moi j’ai Rob et Tom et que ça me va bien.
C’est vrai que j’ai toujours aimé les hommes. Quand maman se faisait faire la lecture, moi, je partais jouer avec Tulloun, même si grand’Ma n’aimait pas que j’aille avec les gens du bush.
Tulloun et moi, on se mettait tout nus dans les buissons de banksia, sous le grand eucalyptus et on imaginait les formes des nuages. Puis je lui chatouillais son asticot qui se mettait à bouger tout seul et lui me caressait partout en me parlant du serpent arc-en-ciel et du temps du rêve… J’avoue que je ne comprenais pas tout, mais j’aimais bien, ça me faisait tout chaud dans le ventre.
Plus tard quand j’ai rencontré Rob et Tom dans ce bar et qu’ils m’ont installée dans leur cabane, c’était bien mais pas pareil. C’était moins doux, et ils me racontent pas des mots comme Tulloun.
Cette nuit encore, j’ai rêvé de l’homme à la machine lumineuse, Tulloun y dirait que c’est une vision. Il caressait un machin noir et ça faisait des lettres sur la boîte, y’avait mon nom.. Ou alors c’est St Pierre qui prépare ma venue, mais ça, ça m’étonnerait, vu qu’il avait pas le rond doré derrière la tête comme sur le livre de l’ église..
Comme je pense que je vais griller en enfer, je voudrais qu’on donne à Tulloun la petite chaine avec la croix que j’ai au cou. De toute façon, je pense qu’on va surement me l’enlever avant de me pendre. Je crois que ce serait bien pour Tulloun même si ses dieux sont pas les miens je serai encore près de lui. Je crois que c’est le garçon que j’ai préféré de toute ma vie.
Ce qui m’ennuie le plus c’est que je reverrai pas Grand Ma.. Et que j’aimerais bien encore une fois me retrouver avec Rob et Tom quand on boit une bière avant d’aller au lit tous les trois.
On ouvre le verrou, je crois pas que je pourrai finir cette lettre..
J’espère qu’on se reverra pas avec Tulloun, ça voudrait dire que lui aussi il est en enfer.
Malgré un temps humide, Mo est en panne sèche.. eh oui.. alors je vais me coller sur les touches en plastique.. Plutôt que de sombrer dans la mode actuelle consistant à truffer le texte de tirets de e-ees, etc.. ou titiller le passé simple comme j’adore .. je vais le faire à la manière de mon grand dabe.. Charles..
Tu parles Charles.. ferblantier rue de Chaligny Paris 12eme.. dragon en 14.. à chahuter le uhlan..
Comme dit la vieille vanne surannée.. du hussard et du uhlan : « Je te salue en tant qu’hussard.. je te salue en tant qu’…… ». Bref..
J’ai toujours aimé la tortore, la jaffe.. sans doute une facétie de mon ADN, je suis capable de manger de tout si je suis invité.. encore plus si j’ai les crocs.. mais il y a quand même une chose qui me demande un effort.. c’est la cervelle..
Ah misère la cervelle.. je vais mettre les arpions des psy en bouquet de violettes en disant que ça remonte à mon enfance..
Dans ces années là, il était acquis que les mômes devaient s’enfiler du foie de veau , de l’huile de foie de morue et de la cervelle.. cet ensemble harmonieux et goûtu devant assurer à coup sur.. une force herculéenne.. une santé de fer et un chou à faire pâlir Einstein.. Certains même ajoutaient un verre de sang.. comme les forts des Halles ..
Je me souviens bien où il créchait le louchebem et quand mère déboulait dans la rue.. Je sentais le tracsir m’envahir..
faut dire qu’il était gigantesque le gonze.. son tablier couvert de sang.. le surin passé dans la ceinture.. les poings sur les hanches.. Oui, je confesse, j’avais les flubes.
De retour à la maison.. elle cuisinait ça au plus simple.. et me déposait l’assiette sous le blaze: « tiens.. c’est bon pour toi.. ».
A cette époque, et avec mon paternel, le mot refus n’était pas encore inscrit à mon vocabulaire..
Il avait la mandale facile mon vieux .. et la promesse de cinq cent grammes de barbaque non désossée derrière les esgourdes.. ça fait réfléchir..
Et puis avant j’avais droit au rituel : « On aurait aimé avoir ça pendant la guerre ».
C’est vrai, je n’ai pas connu la guerre.. même si ça bombait encore dans le monde à ma naissance..
Mais sans l’avoir connue, je l’ai vécue.. et ce couplet.. z’auraient dû l’inscrire dans la cuisine.. A ça.. seriné le couplet..
C’est sûr qu’ils en avaient bavé.. rutabaga, topinambours, pâté sans viande et boudin à la sciure ..
comme dit Grandgil: « salauds de pauvres.. ».
Vrai que quand je regarde leur photo de mariage en 41.. devant l’église St Paul.. rue de Rivoli , j’ai les châsses qui se brouillent..
Il a son unique costard d’avant guerre.. acheté chez Esder.. mais devenu trop grand le truc.. ça lui tombe sur les endosses, et ça flotte dans le grimpant..
Et elle.. son petit bitos sur la tète.. un petit bouquet de fleurs à la main.. Toute menue.. fragile.. .Sont efflanqués comme des chats de gouttière.. à passer derrière une affiche sans la décoller..
Fallait en avoir pour se lancer dans des projets d’avenir .. feldgrau qu’il était l’avenir à c’t’epoque.. pas bleu..
Gâcher la nourriture.. à la turne , c’était pas l’ambiance..
Alors pour ne pas lui faire de la peine.. je la becquetais sa cervelle.. tout près d’aller à la refile.. rien que mater ça dans l’assiette j’avais l’impression d’avoir déjà commencé à appeler Raoul..
Quand je serai grand.. jamais j’en mangerais.. jamais.. plus jamais..
Comme prévu.. je suis devenu grand.. j’ai traversé cantoche.. internat.. sans avoir à affronter ..
.
Et vient le jour où je me suis retrouvé grifton.. pas le choix.. gonfleur d’hélice à Orange.. ( NDLR : un salut à celui qui va se reconnaitre)
L’accueil y est convivial.. les relations urbaines.. une colonie de vacances.. Velours et pampre…
Enfin.. j’ai essayé de le prendre comme ça… supporter les beuglements du juteux passe encore.. le couchage à je ne sais combien dans une chambrée qui sent le fauve.. avec réveil vers une plombe du mat pour un revigorant parcours du combattant, passe encore..
Mais là où ça coinçait.. l’ordinaire troupe.. oui c’est le nom.. ni cantoche.. ni restaurant d’entreprise.. l’ordinaire troupe..
au moins on annonce.. y’a pas de quoi se berlurer..
.
Des plateaux en alu cloisonnés.. déformés par l’usage.. le mec qui te balance la grosse louche de rata.. ça dégueule un peu sur le reste.. une odeur de graillon et de lessive.. Bref..Lucullus dine chez Lucullus..
C’est sûr que les premiers jours j’ai fait le difficile.. picorer ça.. me rattraper sur le brichton et le claquos..
Mais bon.. les exercices vivifiants imaginés par un encadrement aux petits soins ont eu vite fait de me donner une dalle pas possible.. j’avais la boite à ragout qui chanstiquait dans l’buffet.. les crocs..
Toujours est il qu’un soir.. alors que j’attendais mon tour en essuyant le plateau mal rincé et humide sur le dos du collègue de devant comme d’usage..
Le menu proposait.. poireaux à l’huile et cervelle..
J’avais gagné le pompon.. the winner is.. tout ce dont j’ai horreur..
Je confesse.. qu’à peine assis, je me suis jeté sur la jaffe comme la bête du Gévaudan sur les innocentes bergères..
Je n’étais plus moi-même.. juste des crocs et un estomac vide..
Eh oui.. j’ai trahi mon serment de Koufra à moi.. j’ai clapé de la cervelle
C’est vrai qu’avec le temps on s’habitue à l’ordinaire troupe .. on arrive même à trouver ça bon.. faisaient des efforts parfois..
Ça s’appelle repas amélioré… Et puis à vingt cinq berges on s’habitue à tout. . faut bien jaffer .. Et y’a les potes..
Je n’ai jamais repris de la cervelle..
Quand nous étions à Paris.. à cette époque Mo turbinait à perpète : Evreux et donc prenait le dur matin et soir.. partait tôt, rentrait tard..
Je préparais la popote.. après avoir fait les courses..
Ensuite je m’achetais le canard et j’allais me taper une mousse à la Bolée de Fouesnant en bas de chez nous.. en guettant ma petite gisquette.
Il m’est arrivé quelque fois pour lui faire plaisir.. d’acheter de la cervelle.. la préparer avec soin.. vinaigre.. épluchage et tout le toutim.. petite recette élaborée..
Moi je m’achetais une petite quiche..
Je crois avoir tout partagé avec elle depuis 50 ans.. surtout du bon..
.
Mais la cervelle.. ça, des clous !
.
Marc
.
Glossaire (enrichi grâce à Biche)
Aller à la refile, appeler Raoul : vomir
Arpions : orteils
Barbaque : viande
(se) berlurer : se faire des illusions
Bitos : chapeau
Blaze : nez
Boîte à ragout : estomac
Brichton : pain
Châsses : yeux
Chou : cerveau, intelligence
Claper : manger
Claquos : fromage
Crécher : habiter
Dabe : père
Dîner à la Lucullus : se faire un festin
Dur : train
Endosses : épaules
Feldgrau : « vert gris » en allemand, Surnom des soldats allemands pendant la guerre.
Ferblantier : personne qui fabrique des objets en fer-blanc
Flubes : peur
Gisquette : femme, fille
Grifton : militaire
Jaffe : nourriture
Louchebem : boucher
Mousse et pampre (voir les tontons flingueurs) : attitude discrète !
Surin : couteau
Tortore : nourriture
Tracsir : trac
Turne : chambre, taudis
Uhlan (voir la vanne !) : cavalier armé d’une lance dans les armées slaves et germaniques
Nous sommes passés à la pharmacie dans la semaine, récupérer nos doses de vaccin anti grippe gracieusement offertes par Dame Secu..
un cadeau pour les vieux..
mieux que la vignette.. je pensais à ça en attendant Mo dans la Twingo, la vignette pour les vieux.. !! Et par association d’idées….
Foutue vignette, c’était dans les années 56/57.. la grippe asiatique.. et puis celle d’après 68, la grippe de Hong Kong..
en fait j’ai eu beau chercher, je ne me suis pas revu faire des trucs spéciaux.. en 57 je prenais le dur pour aller au lycée..
et début 69, je bossais déjà un peu avant d’aller servir la France pour 16 mois..
.
.
Etant môme, je me souviens des coups de froid.. de ma mère qui sortait LA bassine.. déjà j’allais beaucoup mieux.. comme un chien.. façon Pavlov..
je savais que cette bassine.. c’était la farine de lin et le cataplasme.. oh p… unaise le cataplasme.. un supplice..
.
.
Dans la vitrine du pharmacien, y’avait bien la réclame pour la ouate Thermogène avec le truc vert qui crachait le feu.. mais bon.. trop cher.
Mais le cataplasme.. un truc qui te brulait la couenne.. « faut qu’ça soit chaud » disait elle.. tu parles..
.
.
Un cataplasme.. des gouttes de Balsamorinol dans le tarin.. un truc huileux qui te redescendait sur les lèvres..
.
.
et si tu toussais.. les gouttes Nican dans du lait tiède.. un coup à partir à la refile appeler Hughes ou Raoul..
tellement c’était pas bon mais qui te stoppait la toux en moins de deux..
.
.
Y’avait aussi les ventouses.. mais ça.. c’était pour mon père.. ça se terminait invariablement en gueulements..
Un petit pot.. du coton enflammé au bout d’une tige de bois..
On aspire l’air et pof sur le dos.. une succion et voilà une bosse rouge qui se forme dans le flacon..
Le hic c’est que ma mère avait la trouille.. ça merdait.. elle chauffait le verre..
Le pater, aussi serein qu’un chat qui se coince la queue dans une porte.. poussait des gueulements..
Elle revenait.. furie dans la cuisine.. où j’attendais sagement.. je concède en rigolant en mon for intérieur..
Elle me faisait ses mimiques.. « y’ m’fait ch.. TON père.. plus jamais.. c’est la dernière fois », et vaillante comme elle était, elle repartait à l’épreuve.
De toute façon.. le paternel.. il était plus souvent en coup de tabac qu’en mer calme.
.
.
Oui, c’était simple la pharmacopée dans la maison.. des inhalations au Perubore pour le rhume..
.
.
Formocarbine et ultra levure si t’avais mal au boyaux..
..
.
Le top du top étant l’Elexir parégorique sur un sucre si d’aventure t’avais la courante..
Ahhh l’élixir parégorique.. déjà le nom.. je me gargarisais en le prononçant.. il y a un coté grimoire… en plus c’est furieusement bon et c’est vrai que ça fait du bien..
( je crois qu’à l’époque il était très opiacé).
Il m’est arrivé souvent de simuler le mal au ventre juste pour quémander mon sucre.. mon canard.. ma dope
Un parfum divin.. un petit picotement sur la langue..
Je confesse qu’en dehors de la Gitane sans filtre, c’est le seul truc où je fus accro..
Pour le reste.. la pommade Rap pour les bosses.. ça pue.. la pommade Mitosyl pour le reste.. un truc à la jacques Brel.. ça sent la morue… ça pue aussi.
.
.
Mal de tête : aspirine ou mieux Kalmine dans sa boite compartimentée en métal un cachet rond.. dodu.. un truc tout léger.. mais gros à avaler..
Ma mère a souffert durant la guerre et l’occupation.. elle m’en parlait souvent.. c’est là qu’elle a attrapé son « au cas où »..
Elle avait une pharmacie avec les remèdes pour tout.. pour la jaffe.. elle stockait toujours des trucs à becqueter d’avance.. sucre, farine, pommes de terre, riz, pâtes..
il est vrai que ses vingt ans elle les avait passés à crever la dalle.. dans Paname occupé..
Lazarett.. Kommandantur.. Ausweiss.. ah oui, à cette époque fallait des papiers pour sortir…
Elle m’a refilé le virus.. moi aussi je suis « au cas où ».. même pour le bricolage..
Mo me ronchonne « tu fais des stocks » mais quand elle vient.. en me lâchant de sa petite voix.. « Je ne digère pas.. T’AS pas un truc »..
Ou penaude avec son appareil à traiter la vigne.. « regarde, je crois que c’est cassé là.. T’AS pas un truc »..
Oui, dans ma Twingo (et pas dans ma caisse américaine comme chantait Dick).. j’ai repensé à ces vieux médocs.. à ma mère..
à ces époques où je me suis foutu de la grippe de Hong Kong ou de la grippe asiatique .. ou de petaouchnock.. insouciant et heureux le môme..
Punaise.. le coup de blues.. à se prendre un coup d’Elexir Parégorique sur un sucre..
Ça se vend encore parait-il.. mais c’est du dilué… !!! de l’ersatz comme on disait en 40…
.
.
Ah les chiens.. !!! enfin il me reste le ti punch..
Quand j’étais gosse.. gamin.. il arrivait des instants où ma mère pouvait se poser un peu..
Alors elle prenait son tricot.. je l’ai toujours vue tricoter..
Elle mettait ses pieds sur un petit banc.. et moi je m’asseyais sur ses pieds.. face à elle.. enlaçant ses jambes.. ma tête sur ses genoux
et je lui demandais de me chanter des chansons..
Elle me chantait des chansons d’avant.. des chansons qui viennent de si loin.. du temps jadis.. des chansons que l’on ne doit plus guère chanter..
Je pense à la Carmagnole.. 1792.. c’est pas d’aujourd’hui..
Mais moi en client privilégié, j’avais ma liste à moi.. certaines me faisaient monter les larmes.. alors j’enfouissais un peu plus ma tête dans son tablier
C’est vrai quelle sont dures ces chansons..
.
.
Et les deux qui me faisaient pleurer.. brave marin et la chanson du capitaine..
Le pauvre gonze il revient de guerre.. et il retrouve sa femme.. qui, le croyant mort, s’est remariée..
Il dit rien.. il vide son godet et s’en va.. sans moufter
Quelle injustice pour un gamin..
.
.
La pauvre à la fontaine.. délaissée.. le cœur brisé.. jamais je ne t’oublierai….
.
.
il était un petit navire.. ben, rien que ça.. on bouffe le mousse.. façon radeau de la méduse..
.
.
Jeannette qui aime son Pierre et qui demande à être pendue.. ben, pof! voilà son souhait exaucé.. pas de pitié.. pendouillée elle aussi..
.
.
Mon père m’a donné un mari.. si petit.. la taille d’une souris.. et le chat l’a bouffé
Déjà je m’interrogeais.. comment ça se peut.. un mari si petit.. bien sûr je ne pensais pas aux choses du mariage..
mais juste le rapport de taille.. et puis bon, bouffé..
.
.
Et l’autre qui va être fusillé mais surtout ne pas le dire à sa mère pour ne pas lui faire de peine..
.
Quelle était le but de ces comptines.. préparer les gamins à la dureté de la vie.. à l’injustice.. ?
A savoir que la vie n’est pas facile.. qu’elle est rude et qu’il faut se battre..
Je pense qu’aujourd’hui elles ne doivent plus être chantées.. faut du doux, du moelleux, du correct…
Sûr qu’on va pas faire une comptine qui parle du chômage, des fermetures d’usines, des grèves..
C’est pourtant pas un long fleuve tranquille pour beaucoup..
Ces comptines ont bercé mon enfance.. elles sont là au fond de moi..
Elle m’étreignent toujours s’il m’arrive de les entendre ..
C’est comme ça..
Allez, mettons nos gros sabots… passons par la Lorraine et n’allons plus aux bois,
de toute façon les maisons closes sont fermées depuis 1946..
Par chance, notre reporter était là et, surmontant son angoisse, il a réussi à obtenir quelques images d’une créature reptilienne qui a émergé quelques instants dans le port d’Etel, suscitant l’effroi des rares témoins..
Dotée de nombreux tentacules et d’étranges excroissances sur le dos, elle est apparue durant quelques instants que notre héros a pu filmer. Elle évoluait sans montrer de signes d’agressivité, ni même de crainte des spectateurs pétrifies sur la jetée, puis a disparu en semblant se scinder en éléments indépendants.
.
D’autres personnes, témoins de la scène ont précisé : « ça fait plus de 50 ans que je suis à Etel, je n’ai jamais vu ça! ».
Un autre raconte : « oui, dans ma famille on en parlait, mais de mémoire, personne ne l’avait jamais vu! ».
Le film a été envoyé pour enquête à l’Université Nautique de Gestion des Animaux Grotesques (UNGAG).
Nous informerons bien entendu nos lecteurs des conclusions de l’UNGAG.