Archives de la catégorie ‘Scandinavie

Le piano à bretelles   47 comments

C’était durant mon voyage en Norvège.

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Je m’étais offert une journée en bateau. .. la descente des fjords de Ålesund à Bergen. Au fait, en Norvège, on met des petits ronds sur les « A » => Å et on prononce « O ».   On barre les O => Ø et on prononce « EU »… déjà en sachant ça, on démarre bien chez les fils et les filles de Ragnar… rajoutez  »tak »   pour dire merci..et  »got monen  » pour dire bonjour..et parés à appareiller..!!!

Donc, départ un matin sur les eaux plates et froides de la mer Baltique.. Le bateau était imposant avec, pour ceux qui venaient d’au delà du cap nord, des couchettes.. restaurant à bord.. au menu : laitages, poissons, rôti de baleine.. tout dans le classique.

Le bateau descend lentement.. pénétrant dans les fjords.. bruit profond et sourd des moteurs.. le rythme lent de la puissance ….peu d’escales.. et les gens accoudés au bastingage, à regarder défiler le paysage grandiose.. des falaises à couper le souffle.. décorées de cascades gigantesques ..et cette eau.. plate.. parfois sombre.. qui reflète avec une précision extraordinaire le paysage.. une symétrie de la nature.. le même paysage tête en bas… on mitraille on mitraille… mais au bout d’un moment, pas varié.

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Apres le repas ..frugal.. rôti de baleine (fallait que je goute.. même si je suis hostile..) et pommes de terre.. eh oui, toujours sans pain ni pinard..mais à force je m’étais habitué.. j’avais commencé à échanger quelques mots en anglais avec une grande jeune fille brune aux yeux bleus.. je dois préciser que j’ai vu plus de brunes aux yeux bleus que de blondes.. et ce, dussé-je faire mentir Dylan, même en montant vers le nord.

Donc nous échangions des banalités.. quand un individu de sexe mâle et présentant toutes les caractéristiques de la surexcitation (non, ne nous méprenons pas..) vint lui hurler des mots qui me parurent à l’évidence peu amènes.. elle rétorqua vivement.. et m’expliqua qu’il lui reprochait de parler à un Allemand.. et ce n’était pas bien.. l’ambiguïté fut rapidement levée.. il se rasséréna.. mais ma rencontre avec cette jeune fille.. qui, va savoir, aurait pu changer ma vie.. si.. d’aventure..

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Le roman de ma vie s’arrêta net, le vindicatif devenu amical version glu étant aller chercher une bouteille d’aquavit.. Je me suis retrouvé avec ce pauvre monsieur.. qui me raconta comment, arrêté par la Gestapo.. il fut torturé.. les poignets brisés à coups de barre de fer..

Effectivement quand il remontait ses manches.. on voyait très clairement les déformations… et on imaginait aisément les souffrances qu’il avait du endurer.. l’idée même fait frémir.. Sa vindicte à l’encontre de la gente teutonne.. sans la justifier me parut tout à fait compréhensible..

Me sachant Français, il entreprit, avec son accordéon, qu’il était aller chercher, de me faire tout son répertoire français…. ponctué de coups d’aquavit.. et bien entendu.. je devais chanter car, s’il connaissait l’air, il n’en avait pas les paroles.. Si ce récital fut agréable de complicité.. au début..il devint rapidement pesant.. comme on dit chez moi.. il en vint à me les briser menues…

Allez filer à l’anglaise sur un rafiot.. la belle brune s’était éclipsée.. et moi, coincé avec Olaf (appelons-le Olaf).. essayant vainement de me carapater.. mais, fin limier, il me retrouvait en poussant de grands cris.. comme on retrouve un ami de trente ans… Et je chante « Nini peau d’chien ».. « Les ponts de Paris ».. et on recommence.. et on dit « Le Havre »… ah oui, Le Havre.. et on dit Paris..ah yo yo.. Paris…

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La convivialité aidant.. et l’alcool.. Olaf s’embrumait de plus en plus et malgré ma mansuétude … fruit de commisération et de politesse.. je ne souhaitais plus qu’une chose .. me débarrasser de cet ami encombrant et vociférant…

Mais Odin ne m’a pas épargné… sans doute a t il voulu tester ma robustesse au supplice et vérifier que quand viendra mon tour.. je serai digne d’entrer au Walhalla..J’ai terminé mon périple de Flora à Bergen.. dans les vapeurs d’alcool.. l’accordéon.. et Olaf qui avait de plus en plus de mal à trouver ses notes.. cramponné au bastingage.. guettant le havre salvateur.. je n’avais plus qu’une envie.. la fin de ce voyage.. fi du paysage.. de ces foutus fjords qui n’en finissent pas.. mon royaume pour un coin où être seul… Quand nous avons accosté à Bergen,  il faisait nuit.. enfin « jour de nuit »..

J’ai pris congé de mon ami…. et me suis hâté de quitter le pont.. afin de trouver un petit coin pour dormir…

Le lendemain quand je suis sorti pour me balader dans cette charmante ville.. j’ai quand même fait attention.. pas d’Olaf à l’horizon… Bon.. le soir sur le port.. je fus accosté par son cousin qui me mit un couteau sous le nez.. façon traditionnelle et ancestrale de s’étouffer mon morlingue..

Mais ceci est une autre histoire…

Olaf doit sans doute jouer de l’accordéon pour les filles d’Odin.. c’est vrai qu’il était  »dérangeant » dans l’ambiance du voyage.. mais il avait fait partie de ces gens qui ont lutté pour notre liberté… c’est pour ça que je ne l’ai pas éconduit..

Il était si heureux de partager..

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 Texte de Marc

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Publié 16 janvier 2015 par Leodamgan dans Non classé, Prose à Marc, Scandinavie

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Ah, ces parisiens en Norvège…   40 comments

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Contrôle des changes oblige,

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limité à 1500 balles, j’étais parti avec une brosse à dents, une cartouche de gitanes, un futal de rechange, quelques tee-shirts et calcifs.. sans oublier un billet de 100 balles planqué dans ma chaussette droite.. au cas où.. façon ligne de survie..

J’avais préparé un périple : traversée de la Suède, direction Trondheim.. descente en bateau le long des fjords, Bergen, Oslo, Copenhague.

Prudent, j’avais, via l’office du tourisme, payé quelques trajets.. hébergements.. auberges de jeunesse ou autres pensions.

Mon pécule, fortement entamé par ma débauche de Stockholm et mon expérience des auberges de jeunesse avec Birgit.. j’ai dû me résigner à prendre les trains de nuit, économisant au moins l’hôtel.

La vie itinérante dans les trains.. où, en fait, il suffit de répondre « yo » à une interrogation en langage viking.. si la personne demandait si la place était libre, elle s’asseyait.. sinon, elle partait.

Fastoche pour se donner un air affable..mais peu causant..

C’est ainsi que je fis Karlstad/ Andalsnes   via Lillehammer dans un wagon occupé au tiers par un groupe de Français et, dois-je l’avouer, qui me firent honte par leurs commentaires et comportement..

Fort heureusement ils me prirent pour un autochtone..

La Norvège est superbe, magnifique.. les montagnes.. les torrents.. des fjords en veux-tu, en voilà.. avec cette eau si calme, sombre, mystérieuse,

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Vikings oars

on attend le drakkar qui doit rentrer avec Kirk Douglas dansant sur les rames..

Les fjords, c’est bien mais moi qui suis habitué à ma Ria où il faut faire une dizaine de kilomètres pour aller en face à Plouhinec, ou prendre le passeur.. là-bas, on peut atteindre 80 ou 100 Km.. voire pis… le fjord ça s’enfonce à l’intérieur profondément, loin, loin… à se demander si ç’est encore salé.. bordé de falaises avec des chutes d’eau impressionnantes.. fjord, ria, aber.. la mer va faire une balade à l’intérieur. Pour franchir cette entaille dans le continent, ce coup de surin dans la montagne.. le bac ou le car..

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Fjord mit Wasserspiegelungen in Norwegen

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Après quelques jours passés à Andalsnes dans un charmant petit hôtel.. j’optai pour le car, direction Alesund.. ce qui me permit d’échanger quelques mots avec les dames aux cabas.. qui se rendaient ou revenaient de quelques endroits où on ravitaille…  mais peu car on m’a très souvent pris pour un Allemand et, manifestement, ce n’était pas un avantage dans ce coin..

Au bout de pas mal de parcours une envie naturelle mais néanmoins pressante.. damned ! comment faire.. comment avertir.. va dire en norvégien : « excusez moi.. y a-t -il un arrêt prévu pour se rendre aux toilettes ? »..

Je tentai ce geste tribal à l’attention du chauffeur:  la main en arrondi, pouce sur la braguette, coup de menton.. en espérant que dans ce rude pays il n’aurait pas d’autre signification que celle que je lui destinais.. manifestement..sans parler d’universalité.. je fus compris..

Aimable, le chauffeur me répond « yo » et, en quelques mètres, s’arrête près d’une bicoque le long de la route..

Afin de ne pas ulcérer les dames vikings rigolardes dans le car, je fais le tour de la bicoque, prêt à lansquiner..

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DS 19 2

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Et je tombe sur une DS19 noire immatriculée 75, avec en son intérieur, deux couples d’âge moyen…. Ils avaient loupé le bac.. et poireautaient en guettant son retour (sans doute en fredonnant : «  j’attendrai.. »).

Désireux de saluer des compatriotes, je m’approche et lance un grand « B’jour m’sieurs dames ! »..

Ce fut la stupéfaction.. la sidération : un mec pas rasé , la chemise bien froissée , le pantalon avec quelques traces de sang de morue, souvenir d’une séance de pêche quelques jours avant.. dans un coin perdu.. voilà un jeune homme blond..

Une des dames me lance : « qu’est-ce que vous parlez bien français ! »

Et là, je confesse.. je m’incline, comme un sicambre, je me courbe.. j’ai répondu :  « oui, il parait.. mais j’ai beaucoup étudié »..

Pas un instant, ils ne se sont rendus compte.. et nous avons devisé un peu.. J’ai quand même été obligé de m’éloigner dans un coin tranquille pour accomplir ma mission initiale : lisbroquer..

Ainsi, deux couples de Parisiens ont pu témoigner au retour qu’ils avaient trouvé un Norvégien parlant le français d’une façon… mais d’une façon.. pour un peu on aurait dit un Français..

Eh oui, je me suis toujours demandé comment on peut se leurrer à ce point.. Il est vrai que trouver un Français sans bagages, les mains dans les poches.. sur une route perdue du nord de la Norvège..

Ben, ils y étaient bien, eux !!

Comme ces deux jeunes touristes à St Véran alors que je revenais d’une séance de recherche de minéraux.. ma pioche sur le dos, mes gros croquenots.. m’avaient pris pour le cantonnier.. et quêté mon assentiment pour une photo.

Dois-je en conclure qu’à l’époque j’avais un physique nordique.. A Stockholm, des Lapons en costume m’ont demandé leur chemin.. j’étais donc Suédois.. durant le voyage on m’a pris pour un Allemand.. un Norvégien.. ici un cantonnier du Queyras.. au boulot, on me prenait pour un Breton (à Etel aussi, on me prend souvent pour un autochtone)..

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Alors quoi.. serais je comme Janus..ou Jaqen le heros « faceless » de Game of Thrones..

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Espérons que les Martiens…

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Publié 4 janvier 2015 par Leodamgan dans Prose à Marc, Scandinavie

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La fraicheur du teint scandinave   57 comments

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C’était une réclame de l’époque …

« Retrouvez la fraicheur du teint scandinave »..

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Je me demande même si ce n’était pas « Oil of Olaz ».. je ne sais pas où est Olaz et son huile mais j’étais parti en Suède avec cette publicité en tête.. retrouver les blondes guerrières du Walhalla.. avec le teint qui va avec..

Après mon départ de Stockholm, je visais le nord de la Norvège.. par le chemin de fer. Ma première escale fut cette ville dont j’ai oublié le nom mais qui abrite le plus vieux pont de pierre de Suède.

Soucieux de mon pécule, j’optai pour la solution donnant-donnant.. et en arrivant à l’auberge de jeunesse.. je proposai d’échanger ma nuit contre de menus travaux, ménage ou vaisselle par exemple.. le père « Ob », comme on disait à l’époque, accepta en précisant avec un sourire entendu que Birgit resterait avec moi pour me donner les directives..

Cette fois, nous y étions.. la blonde fille du Nord de Dylan.. le teint de pêche.. sans huile du golfe.. la petite sirene d’Andersen… au longs cheveux de lin.. Par Odin !..

Je fis une promenade dans cette bourgade, bien sur photographiant le vieux pont.. et m’offrant un sandwich avec une bière.. blonde…

A l’heure prévue, je me suis pointé à l’auberge, où le responsable me dit que Birgit allait arriver et que j’allais m’y mettre.. Au fond de la pièce, une porte s’entrebailla doucement… une voix un peu grave mais féminine… semblait maugréer..

J’étais prêt à voir arriver la créature de la publicité.. longue.. fine.. teint pale et cheveux clairs en cascade sur ses épaules…

Elle poussa la porte d’un coup d’épaule.. en tirant un grand coup sur le tuyau de l’aspirateur

A   part quelques boutons qui décoraient son visage et un air farouche de Walkyrie.. ce fut son gabarit qui me laissa coi.. Birgit possédait un physique qui faisait plus penser aux lanceuses de poids soviétiques de la belle époque qu’aux frêles sylphides qui hantent les forêts profondes de Scandinavie.. Elle me salua d’un grognement et me tendit mon outil de travail.. l’aspirateur. ..

Elle me montra du doigt la zone que je devais aspirer tandis qu’elle s’affairait à épousseter ..  De temps en temps elle interrompait son travail pour m’indiquer un nouvel endroit..un meuble à déplacer..

J’ai donc passé une bonne partie de la soirée à faire le ménage.. ma compagne me gutturant les ordres..

Dans ma grande candeur.. je songeai que la nuit venant je pourrais au moins aller m’allonger et roupiller un peu..

Mais il y avait un facteur que j’avais omis.. nous étions en juin.. au centre de la Suède.. et en cette saison.. même si ce n’est pas le soleil de minuit.. ce dernier fait juste un touch and go en dessous de l’horizon et recommence sa course dans le ciel..

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Dire que j’ai passé la nuit, je ne sais pas.. mais j’ai bossé bien longtemps.. ma garde chiourme ne m’a pas laissé un instant de repos..

Je me souviens qu’elle était vêtue d’une robe ample et assez courte qui, lorsqu’elle se penchait, découvrait une culotte rouge qui couvrait ses rotondités arrières qu’elle avait fort développées. . en fait conformes à l’ensemble de son gabarit….

Il y a dû y avoir un quiproquo..car à un moment donné elle m’a expliqué en guttural que c’était terminé..

En fait elle m’a montré la porte.. je suis sorti.. elle aussi et elle a fermé à clef…

Je me suis retrouvé dehors.. le jour était là..

Comme un imbécile.. crevé.. l’envie de dormir de m’allonger un peu.. ce fut le déclic.. ma décision était prise.. ce serait mon unique nuit en Suède.. et la fin de mon séjour en Suède. .

Déjà le jus de cassis avec le steak à la groseille.. m’avait donné une sale impression..

Mais là.. avec une telle hospitalité… c’est au-delà de l’humain.. pas possible.. donc c’était suffisant.. cap au Nord..

Dans le même esprit je décidais ensuite de prendre les trains de nuit pour économiser le couchage.

A la gare de ce patelin.. je pris mon biffeton pour Andalsnes ( y a un petit rond sur le A mais bon..) courage.. fuyons ..

Ce sont mes seuls souvenirs de la Suède:

un drapeau bleu frappé d’une croix jaune..

les gens qui sortent tôt des bureaux et qui vont désherber et nettoyer dans les jardins publics..

un pays sans pain et sans pinard..

Grosse culotte rouge

et une énorme paire de miches dans une culotte rouge..

des fesses au teint scandinave grâce à Oil of Olaz?

(publicité gratuite pour autant que ce produit existe toujours..)..

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Publié 26 décembre 2014 par Leodamgan dans Prose à Marc, Scandinavie

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Stockholm   52 comments

Mon boss m’ayant offert un voyage en Europe,

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. alors que j’étais stagiaire de la fac dans une grande compagnie aérienne, j’avais opté pour la Scandinavie.

Il faut préciser que les voyages, les avantages pour les employés de compagnie aérienne, c’est en effet un billet moins cher, s’il y a de la place.. C’est-à-dire que vous arrivez avec votre air le plus.. le plus je ne sais quoi..  au comptoir d’enregistrement..

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et là on vous dit si c’est bon ou c’est pas bon.. Si c’est bon, on monte en dernier en se présentant à l’équipage.. si c’est pas bon, on attend le vol suivant.. qui peut être dans la journée ou le lendemain, ou.. .

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Muni de mon billet à tarif réduit, je m’étais présenté à Orly.. où après un poireau interminable.. on me dit que c’était râpé.. Mais que peut-être, au Bourget.. Bref, je me suis retrouvé sur le dernier vol de la compagnie SAS, départ du Bourget.. sur Caravelle, eh oui, c’est pas d’aujourd’hui.. C’était, de surcroît, mon baptême de l’air. .

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Avion quasiment vide.. sièges moelleux.. tout allait au mieux quand un trou d’air fit voler  mon poulet aux petits pois sur le giron.. décorant mon futal d’une énorme tache.. à un endroit où le stewart hésita à m’aider à frotter..

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Mon voisin de l’autre côté de l’allée, engagea la conversation. C’était un ingénieur, de chez un gros pétrolier totalement français, qui se rendait en réunion. . Arrivés à Arlanda, il était tard mais il faisait encore jour.. le car nous amena au centre de Stockholm et nous lâcha « demerdenzi.. »… Nous avons erré, mon compagnon et moi, à la recherche d’un lieu pour dormir..

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Finalement nous avons dégoté une piaule sur le Strand dans un hôtel bien loin de la moyenne de dépense quotidienne prévue, mais nécessité faisant loi.. .

Chacun a donc gagné sa carrée, l’ingénieur proposant que l’on se retrouve pour déjeuner ensemble le lendemain midi..  eh oui, il avait une idée derrière la tête.. mais.. J’ai donc glandouillé.. visité.. bayé..  toute la matinée.. et à l’heure dite.. au lieu dit.. j’ai retrouvé mon sémillant cinquantenaire.. derrière un superbe steak frites à la groseille arrosé d’un jus de cassis.

Durant le repas, il prit son courage à deux mains.. et m’exposa sa requête.. il voulait aller voir un film porno.. à l’époque, on disait  « film suédois » .. film de cul.. je crois que l’appellation X est venue plus tard.. quant à l’appellation « film de boules », c’est encore plus récent. .

N’étant pas opposé à cette découverte artistique relativement nouvelle.. Linda Lovelace n’ayant pas encore fait les beaux jours des affiches parisiennes.. pas plus que Brigitte Lahaie, j’acceptai.

Il faut dire que je fus frappé de voir ces magazines suédois remplis de combinaisons hommes/femmes, à disposition dans les boutiques..

Quand j’entrai acheter une pellicule photo, le gamin de douze ou treize ans qui me servit feuilletait nonchalamment ce type de revue..

Il y avait sur ce sujet une grande différence avec Paris, même si mai 68 avait commencé à agir..

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Nous avons donc choisi un film au pif, le titre en suédois ne nous disant rien.. et dans cette salle qui sentait le moisi et le désinfectant.. nous avons regardé s’ébattre de jeunes nymphettes et de jeunes éphèbes.. j’avoue que je ne me souviens plus de grand-chose… sauf que j’en avais eu rapidement marre.. que j’étais pressé de rentrer à l’hôtel.. le quartier où nous étions m’inspirant médiocrement confiance.. .

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Le lendemain matin, au petit déjeuner de l’hôtel, je retrouvai mon compagnon de débauche qui rentrait sur Paris.. moi, je mettais le cap sur Lillehammer..

entre croissant et jus d’orange, il me lâcha à mi-voix :

 

« pour les revues.. pas la peine de prendre en couleurs.. en noir et blanc, on voit aussi bien.. et c’est moins cher ». . .

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. Eh oui.. Vu mon âge et le sien.. ce brave homme doit être quelque part dans la grande prairie du grand Manitou..

Attention les squaws.. Taureau matant est là..

Ce fut mon premier contact avec la terre des Vikings.. et la suite me permet de dire :

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« Ce ne fut qu’un début ».

. Marc 1969

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Publié 21 décembre 2014 par Leodamgan dans Non classé, Prose à Marc, Scandinavie

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