Archives de 15 décembre 2014

Mon bloche, il est crouni   40 comments

.

Hé  oui, pas simple, la langue de chez moi..

.

ARGOT

.

J’ai eu durant des années un collègue de bureau.. breton de souche.. qui ne cessait de me répéter que je n’avais pas de racines, pas d’histoire..

Il me parlait du Gwen a du, du Brogoz ma zadou.. Cadoudal et tout le toutim..

Lui avait des racines, une langue, une culture.. et moi, rien, je ne pouvais rien revendiquer..

J’avais beau lui dire qu’aussi loin que je le savais, mes ancêtres étaient nés à Paris..  lui parler de la Commune, de Bruant..

Rien, je n’avais rien.. pas de gastronomie.. pas de langue.. j’étais un « sans racines »..

Le plus souvent, je renonçais à débattre.. parce qu’au fond de moi, je m’en fichais complètement..

.

C’est vrai, gosse en Savoie j’avais droit à « parigot tête de veau », « parisien tête de chien »..

même le père de Mo m’avais traité de « parisien à gros bec »..

Je pense qu’aujourd’hui encore…

Seulement des parisiens.. des vrais à l’ancienne.. y’en a pas bezeff.. y’a souvent un lien avec la province.. alors que moi..

à part ma grand-mère paternelle née dans les Hautes-Alpes et qui a donné la filière toulonnaise

vu que ses parents avaient fui la Commune pour se réfugier dans le Sud..

.

Mais bon, passons.. je suis donc d’ici.. Paname et sa banlieue.. Paname avec son passé.. Paname et Ménilmuche..

Mon grand-père, qui est né rue d’Aligre dans le XIIe, bossait le fer-blanc comme son dabe..

et c’est avec lui et mon père que j’ai acquis  quelques rudiments de la langue de chez moi..

Au fait, pour dépister un parigot, c’est assez fastoche.. il y a quelques trucs..

j’en livre un.. chez nous on dit « tonde la plouse » et non  « tondreu la peulouse »..

On dit aussi du « gruhère » et non du « gruillère ».. donc, à leur côté, j’ai attrapé un accent pas terrible..

La première fois que je me suis entendu au magnétophone.. j’ai eu l’impression d’être un frangin à Mistinguette « reineuuu du mondeuuu »..

Ben, c’est comme ça, je ne peux pas le renier..

.

Revenons à mon propos : « mon bloche, il est crouni »…

.

argot

.

Les ceusses qui jactent.. jaspinent l’argomuche auront entravé..

pas besoin de se creuser la calbombe, on sait ou on ne sait pas..  on pige ou on ne pige pas..

Je ne sais pas de quand date l’argot ou le louchebem.. parait que du temps de Villon, déjà..

En tout cas, pour lire du Simonin, faut s’cramponner.. pas question de chanstiquer.. faut s’humecter la menteuse.. se boucher les portugaises..

et s’faire chauffer l’citron..

.

Mais je ne vais pas vous faire tartir plus longtemps..

Etant môme, lors des séances pêche avec mon grand-père.. ce dernier qui les avait à la retourne..

préférait que ce soit moi qui change l’asticot inanimé sur son petit hameçon..

Certes, il avait peut-être les châsses défaillants.. mais c’était surtout qu’il n’avait pas envie de sortir ses pognes de ses fouilles..

Le prose sur le pliant.. le tire-moelle sur le grimpant.. installé qu’il était..

Alors, il sortait la ligne de l’eau et lachait : « mon bloche il est crouni »..

Je savais ce que j’avais à faire.. enlever la pelure du bestiau du grappin.. en prendre un neuf bien remuant.. lui traverser la boîte à ragoût..

et zoup! immersion..

.

Voilà.. le bloche était crouni.. nazebroque.. clamecé..

.

asticot-mod1

.

 

Marc

Publié 15 décembre 2014 par Leodamgan dans Prose à Marc

Tag(s) associé(s) : , , , ,