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Il y a une chose qui me fait monter les larmes aux yeux ..
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une chose qui m’étreint et me serre la poitrine quand j’y pense.. c’est la gare de la Bastille.. la place.. les pavés.. les arcades qui partaient vers Reuilly.. le métro.. la Rue de Charenton.. la Bastoche et son génie.. sur le pied gauche.. symbolique.. c’est toute ma jeunesse, ce bâtiment en hauteur avec les portes vertes en bas..vert wagon bien sûr.. sa verrière.. Et la bouche de métro à droite… le kiosque à journaux…dans laquelle on s’engouffre pour attraper le métro d’avant.. celui qu’on ne voulait pas louper.. on loupe toujours un métro..
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Celles et ceux qui ont décidé de faire ce qui existe aujourd’hui sont forcément des étrangers.. des gens qui ne sont pas de chez moi.. des sans coeurs.. sans âme.. peut être même des gens qui avaient le complexe de certains de province vis à vis de Paname.. qui pensent que les Parisiens les dédaignent.. mais y s’en foutent les Parisiens des gens de province.. y s’en tapent.. y passent pas leur vie à penser aux provinciaux.. des mesquins frustrés ont voulu se venger.. on va pas me faire croire que cet Opéra était incontournable.. la coulée verte indispensable.. et si on avait transformé la halle aux vins en village d’artistes..
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La Bastoche.. les guichets.. l’accès aux quais.. les long trains tractés par les 141 fumantes et vapeurantes.. avec les sièges en lattes de bois.. nicht inhaus lehnen.. souvenirs d’une drôle d’époque.. la chaleur d’été avec les fenêtres entr’ouvertes qui laissaient passer l’odeur du charbon et les escarbilles qui salissent irrémédiablement chemises et chemisiers blancs.. On ne peut oublier l’arrivée le soir après la montée des marches.. sur ce quai où patientent les trains du retour en banlieue.. directs.. semi directs.. omnibus.. et tout cela.. direction Verneuil l’Etang.. je ne suis jamais allé à Verneuil l’Etang.. Pourquoi fallait il que le monde ferroviaire s’y arrête… oh.. ça vaut Laroche-Migenne.. tous les trains du monde doivent passer à Laroche-Migenne.. va savoir..
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Le matin, à l’aube, il arrivait souvent à l’arrivée à la Bastille qu’un besoin pressant interrompe brusquement cette course du lièvre direction Concorde.. eh oui.. la nature a ses droits et ses impératifs.. et c’était la visite aux toilettes de la gare… à droite en sortant du train.. cabinets à la turque pour muscler les cuisses.. pages d’écritures et d’invites sur le carrelage blanc.. les virgules tracées à la main.. et cette impression que rien n’est touchable.. attrapable.. contactable.. sauf à risquer la plus épouvantable contamination.. avec le plus souvent un verrou en mauvais état.. tenir la porte.. résister.. beugler » occupé’… et cet instant de grande solitude où il faut jongler avec la poignée.. le futal.. et le papier.. finalement.. les toilettes d’autoroutes sont des palaces à coté.. et je ne parle pas des sanisettes.. qui outre l’usage péripatéticien.. offrent un coté déshumanisé et aseptisé.. clinique.. que sont mes vespasiennes devenues.. la fraîcheur de l’ardoise moussue..
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La gare de la Bastoche et les rues qui y convergent.. c’est ça le Paris que j’aimais.. les fenêtres au ras de la voie.. le linge qui sèche imprudemment.. les volets vermoulus.. bien sûr.. il était nécessaire de reconstruire cela.. comme il était bon de raser le quartier où je suis né.. pour réhabiliter et enlever ces immeubles à la limite du sordide.. l’escalier puant d’humidité et le besoin de se pencher pour voir le ciel.. mais devait on construire cela.. ne pouvait on conserver.. rénover.. reconstituer.. historier.. muséifier.. On aurait pu.. on aurait du garder des éléments du passé.. pourquoi n’avoir pas gardé des stations de métro au sol piqueté des petits éclats de mica brillants qui transformaient la marche en ciel étoilé.. jonchée des confettis du poinçonneur.. agent obscur et anonyme.. à la double mission.. poinçonner.. et fermer le portillon à l’entrée en station du métro.. une dextérité hors du commun.. on pouvait lui présenter la carte hebdo dans n’importe quel sens.. jamais le trou ne se faisait ailleurs qu’au bon jour de la semaine… présence rassurante le soir.. il était là..
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Et l’odeur du métro.. les moteurs électriques de l’époque étaient des moteurs « à charbon ».. l’odeur des moteurs.. des freins.. imprégnait les galeries… les vêtements.. on pouvait dire: » tu sens le métro.. » .. je me souviens.. c’est ce que je disais à mon père quand il rentrait le soir.. avec sa serviette en presque cuir.. c’était ça l’odeur de Paname.. l’odeur du métro.. du percolateur le matin dans le bistrot du coin.. les lampes à filament donnaient une impression surréaliste.. et des murs des tunnels montait ou descendait en vague infinie « Dubo, Dubon, Dubonnet ».. les fondations de la Bastille en arrivant à St Paul.. dans le virage.. le C et le M entrelacés sur les panneaux des sièges.. oui, je persiste à penser qu’il aurait fallu garder des rames témoins.. des stations témoins.. celles qui étaient fermées par exemple.. Arsenal..
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Jamais plus je ne retrouverai cette ambiance.. la foule qui court.. l’odeur.. cette lumière particulière.. les voûtes en petits carreaux blancs.. et les panneaux publicitaires aux cadres moulurés.. c’était le Paris de ma jeunesse.. Quand je suis parti »faire mon service » comme on disait.. le RER était en fin de mise en place.. je suis parti par la Bastoche.. et je suis revenu par Nation.. j’étais passé de l’état de jeune homme à l’état d’homme.. c’est ce que disaient les marchandes de cocardes aux conscrits.. en fait.. j’avais changé d’époque.. le Paris de ma jeunesse était semblable à celui de mes parents.. celui de ma première perm’.. était celui des promoteurs.. et des conneries architecturales..
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En fait.. il y a longtemps que je ne veux plus retourner à la Bastoche.. j’ai trop mal..
Marc
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Quel écrit nostalgique 😦 beau et triste à la fois !
et oui tout passe et trépasse ..
.c’est comme ça lalalala
Je reviendrai mieux lire ton Marc Mo !
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A+…
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Je suis revenue et j’ai relu …
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C’est marrant, j’étais vraiment petite, mais je me souviens de l’odeur du métro, il y avait encore des poinçonneurs. Quant à la gare de la Bastille, la dernière fois que j’y suis allée en 1983, elle servait de lieu d’expositions.
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En 83, nous avions déménagé de Paris pour la banlieue…
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Moi aussi je me souviens de ça avec cette odeur du métro et des poinçonneurs qui fermer leur portillon quand une une rame arriver à quai, wouah tout cela nous rajeunit pas, je suis parti de Pais fin 68 vers d’autre horizon. 🙂
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En 68, nous n’étions pas encore là et en 81, nous n’y étions plus…
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Un beau récit plein de souvenirs et de nostalgie …
Est-ce que Marc peut aussi nous raconter les halles d’avant le grand trou ?
Bizz à tous les deux .
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Ma foi, s’il faut répondre à une demande… 🙂
Bises
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Les dernières rames en bois « Sprague » ont roulé jusqu’en 1983. C’est exact, elles avaient une odeur très particulière à cause des moteurs et des freins. J’aimais bien les sièges en bois.
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J’ai connu aussi.
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Le quartier de la Bastille a chassé tous les artisans pour mettre des bobos à la place.
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Moi ce que j’aimais bien à la Bastille c’était le quartier des photographes avec les boutiques spécialisées et tous les marchands d’occases et les boutiques des plus grandes marques de moyens formats.
tu vois on peut faire worpress-nostalgie aussi
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Nous fréquentions ce coin là aussi car nous habitions le XIIème. Nous avions des appareils photo argentiques à l’époque.Nous allions souvent au marché d’Alligre aussi.
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Nostalgie, quand tu nous tiens… c’est qu’on a vieilli!
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Non, pas vieilli, mûri. Nuance!
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Merci pour cette belle (re)découverte d’un coin de Paris. Bon dimanche
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Mais c’est fini, tout ça…
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là je te rejoins totalement ! il n’y a pas que Paris c’est partout pareil, chez moi, mon petit village se transforme tout doucement en cauchemar, j’ai la haine… Ma maman qui allait très souvent à Paris toute jeune, quand on traverse certains quartiers elle ne reconnait plus rien, une honte !!!! t’as raison, allez je vais rester polie….
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On n’y va plus à Paris…
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Quel beau blog…. triste et beau en même temps….c »st de la nostalgie mais il s’agit aussi d’une pensée très réelle…l’histoire des Halles est une autre…..à suivre….???!!
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Merci. Pour les Halles, il n’y a pas d’écrit d’avance. C’est à faire…
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Je n’avais jamais vu ces photos de la Bastille que bien sur je n’ai pas connue. Tu crois que les motards donnent encore tous rendez-vous à la Bastille? Moi la dernière fois que je m’y suis rendu c’était pour voir Lula donner un discours, ça fait longtemps. Merci pour cette jolie description et ce retour nostalgique à ton passé.
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Pour les motards, je ne sais pas et on n’allait pas voir ça non plus. Nous n’avons pas revu la Bastille depuis longtemps non plus. Nous sommes banlieusards à présent (et un peu bretons aussi)…
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Touchant…ça rappelle des tas de trucs !
on pouvait aussi ouvrir les portes entre 2 stations… c’est comme ça que mon mari à 14 ans est tombé du métro entre Bastille et Reuilly-Diderot, il a fait la une de France Soir !
C’était un autre temps, question nostalgie j’en ai un bon cageot ..
Bises à tous les deux
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Il a eu de la chance, alors!
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Où est Lili pot d’chien !!!!
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À la Bastille
On aime bien
Nini-Peau-d´chien :
Elle est si bonne et si gentille!
On aime bien
Nini-Peau-d´chien,
À la bastille
Pas Lili !
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Je ne connais pas tous les couplets.. 😉
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Moi aussi j’ai habité ce quartier étant petite, j’ai les même souvenirs, les même odeurs de métro, de quartier, des châtaignes grillées, de bruit aussi celui du vitrier qui appel, du boucher et du marchand de 4 saisons . . . Joli saut dans le passé. Merci
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Décidément, que d’anciens Parisiens… Marc y est né, mais moi j’y suis arrivée pour y travailler à 24 ans.
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J’ai toujours vécu à la campagne, je suis revenue habiter dans mon village natal. Le lavoir … le bélier où nous allions chercher l’eau potable … le moulin … ont disparu. Le village a perdu son âme !
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A chacun son enfance… Et sa nostalgie aussi. 😎
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ni nostalgique de Paname ni des grandes villes en général je comprends pourtant que les » titis » protestent !
beau texte de Marc comme souvent !
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Merci Mimi, tu es mon pinson préféré.
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P’tit coup de nostalgie, là! Pas de raisons de se priver ceci dit. En « petit belge » j’aime beaucoup Paris – je m’y promène beaucoup quand j’y vais. C’est gai de le deviner sous un autre jour, ici.
Mais on pourrait en dire autnat du « Vieux Bruxelles » … et les trains aux banquuettes de bois, omnibus vers les campagnes profondes, ici aussi on marqué le panorama ferroviaire local …
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Il y a des souvenirs partout mais la nostalgie on ne peut la ressentir que pour ce qu’on a vécu… C’est un truisme, n’est-ce pas? 😉
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😉
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Une touchante nostalgie sur laquelle Marc a mis des mots avec talent !
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Merci pour lui…
Mo
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De retour, et oh! surprise Marc fait des billets sur le Paris de mon enfance, que je reconnais bien… Que de souvenirs, en lisant certains me reviennent
merci pour ce partage… Le métro avec ses sièges en bois que nous prenions régulièrement, son bruit si différent de maintenant. bravo ça fait du bien
de lire ces billets, par contre j’avais une frayeur des rats qui étaient vraiment maousses pour moi petite fille ;-).
Bisous à vous deux
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Je n’ai pas connu les rats… Cela vaut peut-être mieux… 😉
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Marc, ce billet m’émeut au-delà de ce que tu peux imaginer. Je n’ai pas connu cette « Bastoche » aujourd’hui livrée aux « bobos. Il y a longtemps que les vrais parisiens ont été chassé, avec plus ou moins de ménagement.
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