Cette fois ça y est..
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de Cancale à Josselin.. de Plogoff à Plélan la Bretagne se couvre d’or…
Breizh izel.. et même Breiz uhel se parent des couleurs du printemps..
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L’ajonc, à ne pas confondre avec le genêt, nous offre sa splendeur..
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le long des routes,
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des sentiers,

de la dune..
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Il résiste à tout, au vent salé, à la pollution..
Il est là pour nous annoncer le printemps et couvrir de jaune le paysage..
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Il parait que la nuit les korrigans viennent parfois le parer de pièces d’or..
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Mais malheur à celui qui, cherchant le magot, croisera la route de l’Ankou sur un de ces chemins bordés de murets moussus..
où, fut un temps, on y entendait le cri de la chouette..
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On dit que certaines nuits les sirènes de la ville d’Ys,
terre de Gradlon, viennent y chercher la mandragore pour distiller leurs philtres d’amour pour les marins au cœur meurtri..
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Elles viennent quand la vague est forte et laissent sur leur passage des morceaux de pourpre.. qui s’accrochent en longues tiges..
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Elle est belle cette terre au printemps.. elle est belle la dune…
Je les aime ces plantes.. j’aime les ajoncs qui résistent, s’obstinent et qui pourraient avoir de la rancœur..
Mais, au contraire, nous offrent ce paradis doré..
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ces chats…
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Le premier s’appelait Choupetto… va savoir pourquoi mon père avait choisi ce nom..
C’était un petit chat noir avec une petite tache blanche au cou.. il y a si longtemps que je m’en souviens à peine.. mais il était toujours avec moi.. le soir il s’endormait sur mes pieds dans le lit.. avec lui j’étais rassuré.. j’avais moins peur du noir et des ombres bizarres le long du mur..
Je me souviens qu’étant malade, la rougeole peut-être .. le médecin avait interdit que le chat me rejoigne.. mon père avait mis des planches pour barricader l’entrée..
Mais au matin je sentais sur les pieds la chaleur de Choupetto…
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Le second est plus récent.. quelques années après que nous nous soyons installés dans notre maison.. j’avais remarqué sur le tas de compost un énorme siamois.. qui feulait et crachait quand je m’approchais avec la brouette.. je lui jetais des mottes de terre et à regret il quittait son tas de feuilles mortes en chouinant pour disparaître à travers un trou du grillage..
Nos rencontres se sont établies ainsi.. il feulait.. je lui jetais des mottes de terre…
Un jour de printemps.. alors que je travaillais devant la maison, il est sorti d’un massif et s’est dirigé vers moi.. en miaulant.. un peu inquiet, je n’ai pas bougé.. gardant quand même ma bêche à la main.. et il est venu se frotter le long de mes jambes..
Quelques semaines après.. le même manège.. c’était un jour où nous avions mangé du poulet, Mo et moi.. je suis vite rentré et suis ressorti avec, oui je sais, je n’avais rien d’autre..
J’en ai posé par terre et me suis éloigné.. il a mangé.. et est reparti..
Puis vint le fameux jour.. la porte-fenêtre de la terrasse était ouverte…
Il est rentré dans la maison.. a fait son tour.. reniflant partout.. là où le petit chat du voisin avait de temps en temps l’habitude de venir..
Il était là ce jour là, le petit chat, que nous avions surnommé « bestiole », somnolant sur une chaise..
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L’énorme siamois a terminé son tour.. se redirigeant vers l’ouverture sur la terrasse.. il s’est arrêté près de la chaise où s’inquiétait déjà le chat du voisin.. et comme si c’était un coussin, sans un bruit, sans la moindre hésitation, il a sauté sur la chaise.. provoquant une folle terreur de l’occupant..
Quel symbole, quel geste.. il l’a ignoré.. comme s’il n’existait pas.. il s’est installé sur la chaise… et disons le.. il s’est installé chez nous..
Un siamois énorme.. aux yeux d’un bleu.. avec une des canines du bas en moins..
Au début j’ai cru que son poil était ainsi.. en fait il était rêche de terre et de sa vie de desperado..
J’ai acheté tout le matériel qui convient.. brosse. .. gamelle..
Avec Mo, on a cherché un nom.. car pour le vétérinaire qui l’inspectait pour lui faire vaccins et autres traitements.. fallait lui donner un état civil…
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Comme il avait des yeux inquiétants et surtout un feulement très impressionnant, on l’a appelé Raspoutine…
C’est ainsi qu’il est entré dans notre maison.. dans notre vie.. dans notre cœur..
Il gardait la maison.. Quand une personne passait dans la rue, il poussait son cri rauque et long.. le bout de sa queue indiquait la menace..
Le plombier en avait peur.. c’est un cri étrange que le cri du siamois.. presque humain..
Quand nous devions le laisser chez le vétérinaire pour ses vaccins et que nous partions au boulot, il est souvent arrivé que, rentrant le soir, nous le retrouvions tout calme dans sa cage alors que le vétérinaire.. presque deux mètres et 120 kg n’avait pas osé aller le chercher.. même avec ses gros gants épais..
Il nous racontait que le chat se calmait dès qu’il entendait notre voix derrière la porte..
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J’allais le prendre dans la cage.. le saluant d’un « alors le chat » auquel il répondait par un « moin.. » .. chargé de reproches.
Je le mettais sur mon épaule et nous repartions vers la voiture..
Au retour il se précipitait en miaulant comme un perdu au bas du meuble du micro-onde attendant son poisson..
Ensuite il faisait son tour dehors.. parfois il passait la nuit.. mais souvent il suffisait que je fasse un petit bruit avec mes lèvres.. il me répondait « moin.. » .. et rentrait..
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Le soir, je me couchais, j’entendais ses pas sur le plancher.. pouf.. un gros poids sur la poitrine..
Il calait son museau sous ma barbe.. et nous partions lui et moi au pays des rêves…
Il s’est battu avec tous les chats du quartier, étendant son domaine.. il en a même tué un..
Quelques fois, il est revenu sévèrement mordu.. infection.. piqures.. piqures que je lui faisais : « moin.. ».. Ce chat nous avait choisi..
Une année je me suis retrouvé coincé au lit par une sciatique paralysante.. 10 jours.. Mo était à l’hôpital ..
Il ne me quittait que pour aller faire ses besoins dans sa caisse et manger quand mes parents venaient me porter la pitance..
10 jours.. 10 nuits près de moi.. soit en câlins ronronnants et léchouillants et en grosses griffes qui me malaxaient le côté.. soit en long roupillons..
Il parait que les chats ne sont pas capables d’amour comme les chiens.. qu’ils sont intéressés.. et n’acceptent la caresse qu’au prix à payer pour la ration quotidienne…
Qui peut écrire des choses pareilles..
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Ce chat savait communiquer.. me dire ce qui allait ce qui n’allait pas.. ce qu’il voulait..
Souvent je le mettais sur l’épaule et nous faisions le tour du jardin.. je m’arrêtais près d’une fleur et je lui disais « sens » et il avançait le cou…
Il pesait pas loin de 9 kg… hé oui.. ses anciens maitres lui avaient ôté ..
Alors il n’avait plus une grande souplesse pour grimper haut dans les arbres..
Mais quelle force il mettait à faire ses griffes quand je le posais sur une branche haute…
Il a passé un bon nombre d’années comme ça.. et puis il est tombé malade.. une suite de bagarre a décrété le vétérinaire.. le sida du chat…
Il toussait le pauvre.. alors a commencé son long traitement, piqures, visites vétérinaire… la nuit je l’entendais tousser à perdre l’âme.. Un printemps est arrivé.. début d’été.. la situation devenait de plus en plus difficile.. il perdait l’appétit.. j’avais beau essayer de lui donner des choses originales.. variées…
Le vétérinaire dit qu’une décision s’imposait.. j’ai trainé jusqu’au jour de mon anniversaire.. nous avons partagé un peu de crabe…
Et puis dans la soirée.. j’ai vu qu’il cherchait à se cacher.. j’ai compris.. il ne voulait pas que je souffre..
Partir comme il était venu.. un desperado..
J’ai fait un grand trou dans le jardin.. sous son poirier.. Mo a donné un beau carré de tissu…
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Do svidaniya Raspoutine….
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