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C’était durant mon service.
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Ce jour-là, ils avaient décidé de nous faire une formation sur le masque à gaz.
La démarche est simple : après des explications précises, tu te files le masque sur la tronche, tu rentres dans une cambuse bien hermétique et ils balancent du gaz.. l’alternative est simple : soit tu as bien étanchéifié le caoutchouc sur ton museau.. soit tu humes et tu es incommodé.. Bon, c’est étudié pour.. tu ne meurs pas mais tu tousses, tu craches.. bref t’en baves au sens propre.. selon le juteux formateur.. en aucun cas.. ça va plus loin qu’aller à la refile.. tripes et boyaux….
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J’étais donc là à attendre la prochaine fournée.. assis près d’un adjudant qui m’avait paru pas mal diminué.. claudication, bras replié et visage un peu couturé.. « malacoulis » comme on dit dans le Sud… pas modo..mais quasi..
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A l’époque, je trainais depuis des mois une plaie au bras.. souvenir du test tuberculinique effectué lors de mon arrivée dans la grande muette. « Je change pas l’aiguille… z’ont pas la vérole! » avait annoncé le lieutenant- piqueur.. va savoir.. moi, ça s’était infecté.. et donc après deux opérations, je trainais cette plaie.. avec comme soins.. pansements au Dakin tous les jours et constat navré de non-amélioration…
Bref, intrigué par mon pansement, ce vieux juteux m’interroge, et après mon explication, me lâche, sentencieux : « Ben t’as du bol d’être soigné par les militaires.. regarde moi! ».
Ma première impression, l’ayant vu, et trouvé qu’il n’était quand même pas sémillant, je répondis, prudent : « Ben, comme je ne sais pas trop ce qui vous est arrivé.. ».
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Et il m’expliqua.
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Le récit qui suit fait froid dans le dos.. mais il doit nous permettre d’avoir une pensée reconnaissante pour ces gens -là.. je ne suis pas militariste, mais bon..
En un mot, ce juteux était parachutiste.. dans un régiment.. façon commando parachutiste de l’air…. un pro quoi..
Lors d’un exercice, son parachute s’était accroché à la queue de l’avion porteur.. et malgré ses efforts, il n’a pu se dégager..
Je vous laisse imaginer se qu’il a pu vivre, penser, ressentir.. et pourtant un telle situation n’a pas trente six solutions.. l’avion ne peut pas tourner indéfiniment..
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et seul James Bond pourrait sauter de plus haut avec un deuxième parachute et lui porter secours..
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L’avion s’est posé.. On peut imaginer l’angoisse du pilote.. et je ne parle pas du rombier accroché en panache.. l’a dû quand même se le manger le béton de la piste.. même si le taxi a ralenti au maximum.. ou s’est posé dans l’herbe.. je ne sais pas… l’a mangé du ciment le gars..
et donc, il s’en était sorti, cassé, ruiné… mais la veilleuse brûlait encore..
Et oui, il fallait le constater: patiemment, bouts d’os par bouts d’os.. fils, aiguilles, sutures.. Ils avaient reconstitué le malheureux.. bon, ce n’était pas parfait, mais il était en vie..
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J’ai terminé mes péripéties médicales par un séjour à l’hôpital militaire de Versailles.. avec comme traitement de la tétracycline à haute dose.. on m’a laissé sortir avec une assez moche cicatrice au bras et ce commentaire du colonel : « Bah, on vous fait pas de greffe, les cicatrices, ça plait aux femmes.. ».
De retour dans mon cantonnement, le capitaine a fait des pieds et des mains.. les bras m’en tombent.. pour m’inscrire au registre des constatations : « Comme ça » m’a-t-il dit « si on vous coupe le bras, un jour vous toucherez un petit quelque chose »…
Eh oui..
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Quarante ans ont passé, mon bras qui « tant de fois » etc… tient toujours..
Une collègue de bureau m’a dit une fois qu’en voyant ma cicatrice elle avait pensé à une scarification tribale.. comme quoi…
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Je pense souvent à cet homme accroché à la queue de l’avion. Comment vit-on ces moments là?
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N’empêche que les minutes qu’il a vécues..
j’ai souvent pensé à lui dans les embouteillages..
toutes les minutes ne se valent pas…
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Marc
C’est assez impressionnant … mais tu dois être content d’avoir toujours ton bras
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Oui, Marc est assez satisfait de cela, il faut dire… 🙂
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brrrrr…
et dire que le lieutenant (un appelé qui faisait son service probablement ) a continué à « faire le médecin »…
beaux sentiments dans ce billet. mème si brrrrr…
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Marc se souvient encore de son nom. Il a pris soin d’éviter tout médecin de ce nom, même si ce médecin militaire a sans doute changé ses procédures dans le civil…
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Oui, impressionnant !
Et alors, la cicatrice plaisait aux dames ???
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Elle ne m’a pas dérangée, en tout cas… 🙂
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« Prendre des antibiotiques peut rendre dépendant »
signé MST (surnom de notre ministre de la santé)
Je sais, c’est pas bien ! Mais je fais une fixation en ce moment… Désolée…
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Ah?
Mais il n’y a pas que ça qui rende dépendant, hélas…
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Coucou
Ton histoire est très bien racontée. Je te lisais je pensais à cet homme que tu as rencontré et qui a vécu un drôle d’évènement .Je revoyais en mémoire d’autres militaires que j’ai connu pendant mes 30 années au sein du service de santé des armées à Marseille et qui eux aussi ont été des miraculés.
Du coup ca me fout un coup de blues .
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Marc a fait dans le cadre de ses mésaventures militaires un séjour à l’hôpital Alphonse Laveran. Tu connais sans doute?
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« Scarification tribale »… 🙂 Non, les minutes ne se valent pas
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Certes.
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souvenirs, souvenirs… émouvants & impressionnants…
* * *
@ »toutes les minutes ne se valent pas… » – on dirait le titre d’un 007… et ton histoire pourrait en faire partie… « my name is Bond, Léo Bond! » 🙂
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Je vais voir s’il veut bien pondre une histoire d’espionnage… 😉
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Il y a parfois des rencontres comme ça, qui changent notre regard et qui nous font apprécier un peu plus nos « chances »
En tant qu’infirmière, piquer avec la même aiguille, j’en suis toute effarée !!!! Oui, mais ça, c’était avant 🙂
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C’était en début 70 du siècle et même du millénaire précédent. Une préhistoire?
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Que d’histoires en une seule! Engagez-vous, qu’ils disaient, vous verrez du pays…
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Quelquefois, on voit surtout des hôpitaux… 😦
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Brrrrrrrr ça fait froid au dos ! quelle trouille a du avoir pendant d’interminables minutes cet homme ! excellent le » pas modo mais quasi » 🙂
Marc s’en est bien tiré alors …avec seulement son masque à gaz défectueux et son vaccin à l’aiguille contaminée …
Cet été je bossais avec un cuisinier , ancien Para qui m’en a raconté aussi quelques vertes et pas mures …
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Tu nous raconteras ces vertes et pas mures un de ces jours?
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L’armée de l’époque savait motiver ses pioupious…J’ai une connaissance, qui était devenu sourd d’une oreille à cause d’une connerie d’un autre soldat pendant un exercice mal surveillé de grenades, et qui a eu un mal fou pour toucher une pension minuscule (192 FF, dans les années 70). Ils ont été jusqu’à intervenir auprès de ses parents pour qu’il renonce. Manque de pot, c’était une famille de juristes, ils n’ont pas lâché.
Maintenant on enverrait le gus au Val de Grâce ou à Vincennes..
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Il y avait eu aussi beaucoup de réticence hiérarchique pour reconnaitre que le problème de Marc était de la faute de l’armée. Seul son capitaine avait insisté dans cette démarche.
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Effarant, à tout point de vue !
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N’est-ce pas?
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le blog de Nathalie a disparu Mo !!!
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Je n’arrivais plus à le joindre aujourd’hui et je me demandais pourquoi! J’avais bizarrement encore une image de son fond de blog!
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J’ai laissé le fond, parce que je reviens, ne vous inquiétez pas 😉
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Quelle affaire! Mais, au fond, tu n’as pas de chance: tu ne touches pas le petit quelque chose…….. Bon , à plus tard
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On ne peut pas tout avoir : le bras et l’argent du bras!
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Ou le beurre et l’argent du beurre ! 🙂
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Piquer avec la même aiguille… J’ai connu ça au Bénin dans les années 80… Les hépatites A d’un côté du couloir, les B de l’autre… C’était le minimum que le médecin avait pu inculquer à ses infirmières… Pour éviter de cumuler les 2 hépatites… 😦
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Fais moi penser à ne jamais nous faire soigner au Bénin… 😦
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Un texte bien aérien, avec (para)chute de circonstance. La même aiguille que mon prédécesseur, j’aurais gueulé je crois … pas fou, non !
Pour me MAG, nous on était en bivouac, sans prévenir ils ont balancés des cartouches lacrimo … j’en garde un souvenir ému … même le mouchoir était à pleurer (ça imbibe tout cette …)
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Il y a donc un service militaire en Belgique?
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Il y a eu, l’Allemagne à la « frontière de l’Est » en ce qui me concerne – Korbach, une petite caserne de 80 personnes (dépendant d’une autre) – Forêt noire et tours de garde, bel été 1986. Artillerie anti-aérienne.
Une grosse colo de vacances en kaki …
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J’aime bien toutes tes histoires si bien racontées mais qu’il a dû souffrir ce parachutiste et toi aussi .
Bises
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Surtout le parachutiste, tout de même…
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« Va te plaindre après ça ! »😊
Horrible histoire nécessaire et salutaire pour bien commencer la journée.
Cordialement
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Cela rend humble en effet devant certaines souffrances…
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J’ai du retard de lecture mais je viens de tout lire, si, si même les commentaires ce qui ne m’arrive pas souvent… ça me rappelle des souvenirs perso mais ce serait bien trop long à raconter… Oui, une histoire d’espionnage aussi ! 😉
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Dommage que tu ne racontes pas… On a envie d’en savoir plus!
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