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C’était l’époque des grosses galoches… des chaussettes qui montaient jusqu’aux genoux.. ( pluriel en X ..)
et des culottes courtes.. même en hiver..
l’époque des blouses grises et du béret…
des plumes sergent major.. et des encriers en porcelaine où il convenait de ne tremper le plume qu’à moitié..
sinon la pointe fine de la plume se parait d’une énorme boulette de lie..
propre à transformer vos élégants pleins et déliés en pâté informe..
indigne du cahier du jour.. le propre.. le beau.. celui qui devait être le modèle du genre..
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Bon.. j’enjolive un peu.. car le plein et le délié.. parfois.. enfin bon..
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C‘était l’époque des buvards..
et la prohibition.. la loi Evin etc.. n’étant pas d’actualité.. on en restait au » buvez du vin » de notre vaccinateur national..
Nous avions donc des buvards « propagandés » par les vins du Postillon..
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Le postillon.. conduit les voitures de la poste.. voitures à chevaux..
qui nonobstant l’affaire de la malle Poste ( Lesurque est innocent..) .. apporte à l’histoire son origine.
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Les chevaux.. eh oui.. sur le buvard figurait un gamin.. qui tel un des frères Aymon
chevauchait un énorme cheval.. que les spécialistes me pardonnent..
je ne connais qu’une race de gros chevaux.. un percheron.. ah non au fait il y a aussi les boulonnais…
Donc un cheval énorme.. doté d’une croupe.. mais alors d’une croupe..
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Nous avions dans la classe un des nôtres qui, hasard de la nature .. s’était développé fortement.. d’origine italienne il était colossal..
je dois dire qu’à cette époque.. ses origines, on s’en fichait royalement.. c’était son gabarit..
bon, de toute façon.. il faisait partie de la bande.. un frère.. et toutes les bêtises possibles. nous les faisions ensemble..
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Mais .. quand même il avait des grosses fesses..
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Mais revenons au buvard.. l’époque était déjà à la collectionnite.. et donc la quête et l’échange allaient bon train..
et un matin.. alors que le maitre ronronnait tranquillement au tableau.. se mit à circuler le fameux buvard..
celui du gamin et du cheval à grosse croupe..
Bien sur.. l’un d’entre nous fit remarquer la similitude entre la croupe et le postérieur de Buzzatti
( j’ai bien sur changé le nom..
c’est vrai qu’ en classe .. on s’appelait plus souvent par le nom propre ou le surnom que par le prénom.. va savoir..)
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Donc rigolade sous la table.. le nom fuse.. circule.. se chuchote.. et arrive aux oreilles de Buzzatti. ..
à moitié rigolard et ulcéré.. il se met à vociférer.. proférant des menaces terribles pour la prochaine recréation..
sans bien sur nous effrayer plus que cela ..puisque c’était la bande..
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Le brouhaha fut tel.. que le maitre dut s’interrompre et lança un fulgurant ‘ Buzzati..’
et là.. ce traitre.. ce mouton.. ce doulos.. me balança..
et d’un doigt vengeur me désigna en lâchant: » c’est lui m’sieur.. il dit que j’ai un cul comme celui du cheval… »
Hilarité générale.. rapidement arrêtée par un coup de règle violent.. qui claqua sur le bureau..
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Sans un mot.. tel un empereur romain.. de son estrade.. il nous désigna.. l’un et l’autre..
façon l’arbitre qui appelle les deux joueurs au rugby quand s’est ouverte la boite à castagne… Salomon
Nous connaissions le tarif.. et tels deux condamnés montant à la veuve..
avec une lenteur calculée.. afin de rendre l’événement encore plus dramatique..
nous montâmes au bourreau.. pardon.. au bureau… la tête basse.. montrant notre contrition..
animés du fol espoir d’alléger un peu la peine..
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Devant lui.. nous avons tendu les mains.. paumes au ciel.. implorant je ne sais quelle manne..
et zip.. plaf..c hacun son coup de règle..
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il convenait ensuite de retourner à sa place.. l’air contrit..
bien sur les coups d’oeil échangés entre suppliciés montraient que les liens s’étaient encore plus raffermis..
eh oui.. une épreuve de plus partagée..
même si .. faut bien le dire.. ça fait mal ..
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Nous avons encore fait un bout de chemin ensemble au lycée.. et puis la vie.. la suite..
je crois qu’il est encore dans la commune.. même si il ne me reste guère de copains d’école…
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et l’autre fois.. en rangeant .. pour ne pas dire en jetant.. des vieux souvenirs je suis tombé sur ce buvard..
et j’ai souri.. l’oeil un peu humide..
C’est vrai en vieillissant.. on a vite tendance à s’émouvoir..
va savoir.. sans doute parce que on se rend compte un peu tard que certains moments étaient précieux…
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Eh oui.. aujourd’hui les temps ont changé.. l’école.. les blouses..
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Et le principal: il n’y a plus de buvard..!!!
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ce fut une époque, mais bien révolu aujourd’hui
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Ce sont plutôt les enfants qui font la loi, maintenant… 😉
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Dans mon école, nos punitions étaient plus légères… Nous faisions juste un nombre incalculable de tours de cour durant la récré…
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Cela faisait prendre l’air, finalement… 😉
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Et il y avait aussi les lignes : « Je ne dois pas amuser mes camarades pendant les cours ».
20 fois, 50 fois, 100 fois suivant l’hilarité créée par la blague dans la classe… et le plus embêtant « à faire signer par les parents ! »
Ca va, la signature des miens étaient faciles à imiter… 🙂
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… et il valait mieux ne pas faire de faute d’orthographe comme dans le com ci-dessous, sinon rebelote » la signature des miens était facile à imiter » (20 fois) 🙂
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C’étaient des punitions moins douloureuses, mais bien fastidieuses et stupides aussi… Alors que choisir?
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Ah la la… l’école a bien changé depuis cette épique époque ! 😉
Aujourd’hui si un enseignant s’avisait de toucher un élève il se retrouverait vite fait en garde à vue …
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Absolument! Il parait que certains parents sont agressifs si on met une mauvaise note à la chair de leur chair ou si on se permet de la réprimander…
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J’aimais bien deviner sur les buvards les mots qui apparaissaient à l’envers, je me prenais pour une détective…
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Ex :
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C’est une bien jolie (et nostalgique?) photo.
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jolie remontée dans le temps
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Cela te rappelle quelque chose aussi?
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N’aurais jamais accepté le coup de règle (il y avait un instit de 2ème année qui appliquait encore cette ineptie, mais je ne l’ai pas eu), ai la tête dure et lui aurais mené une vie infernale dans la classe.
D’autres souvenirs de buvard (moins illustré) et d’écriture à la plume et encrier – j’adorais.
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Tu sais, à l’époque, la contestation n’était guère de mise…
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J’imagine. Mais j’étais un gentil pas facile facile 😉
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T’inquiètes pas le buvard aujourd’hui doit servir à faire du papier mâché pour viser les caméras de surveillances….
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Parce qu’on trouve encore des buvards de nos jours? 😉
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Tiens je connais un Dino Buzzati , un écrivain Italien : le K , le désert des tartares, mais je sais pas si c’est le même gars ! j’adore !
quant aux buvards j’ai connu ..
.mais pas les coups de règles !
Par contre j’ai le souvenir d’un grand et gros prof de Français qui portait bien son nom » Chicane » et collait des coups de pieds aux fesses des élèves qui le gênaient , dans les escaliers
Ah , l’école , j’aimais bien mais sans blues
Merci Marc pour ton écrit 😉
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Marc avait pris exprès un nom célèbre. Ceci étant, on ignore tout du tour de hanches de D. Buzzati… 😉
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Les colons nous ont apporté l’école…et les punitions, mais sous nos latitudes, jamais une petite correction n’a traumatisé un enfant. Tu vas te plaindre chez papa, il en rajoute.
J’utilise encore le buvard quand de temps en temps j’écris avec un de mes stylos: ça me procure des sensations!!!
Souvenirs, souvenirs….merci
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Du temps que Marc allait à l’école, les gosses ne se plaignaient pas non plus des baffes reçues : la réaction des parents était aussi d’en ajouter une couche au motif que cela devait sûrement être mérité.
Marc a gardé aussi des stylos plumes et des réserves de cartouches d’encre…
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Oh, les souvenirs… avec le temps, je ne garde que des bons… Merci pour ce récit émouvant
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D’une certaine façon, cela semble un souvenir pas si mauvais d’un temps où les gens s’en tenaient à des repères simples, ce qui devait être rassurant.
Mais je tiens là sans doute un discours de vieux.
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Pas plus vieux que moi 🙂 J’aime aussi ces repères simples et de mon temps, le respect était de mise, les parents ne tapaient pas sur les profs et le port de l’uniforme ne faisait pas de différence entre les riches et les autres… sans parler du niveau de l’éducation…
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Ma grande soeur, qui a dix ans de plus que moi, a une collection de buvard, avec ce buvard. Amusant ! Il y a aussi des buvards qui sont de vrais palimpsestes, comme celui de la photo.
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Ce sont des sortes de machines à remonter le temps, en ce cas.
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Jolie histoire! c’est à cause de mes buvards que j’ai appris à écrire à l’envers…
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Pourquoi écrire à l’envers?
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Moi aussi, j’avais appris à écrire à l’envers, ça ne sert à rien, mais c’est un exercice amusant et d’ailleurs, je crois qu’un homme de génie dont je ne citerai pas le nom, écrivait ainsi ! 😉
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Catherine, je comprends mieux tes talents de peintre avec ces exercices effectués par d’illustres prédécesseurs! 😉
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Cath41 aurait dû dire « en miroir » plutôt « qu’à l’envers », certes; mais là, tu ne fais pas d’effort pour comprendre!
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Salut mon amie, un petit coucou en passant !!!!!!bonne journée, bise a+
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Bonne journée à toi aussi,
bises
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Très belle remontée dans le temps, merci ! 🙂
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Merci pour Marc!
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Encore un beau texte imprégné de nostalgie. Du coup j’ai pensé à cette chanson de HF Thiéfaine, « la ruelle des morts » dont voici le lien : http://youtu.be/L6sEXnXXYzU
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Merci, Nico.
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Merci pour cette descente à la mine. De crayon. Bise
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